Le Maristan de Grenade à L´Albaicin

Après de nombreuses années de grande négligence, ce bâtiment unique de l’époque nasride, situé au pied du quartier de l’Albaicín, a finalement été sauvé et restauré. Il est désormais ouvert aux visiteurs.

La visite du Maristan est incluse dans le ticket “Double D´or”

Mais qu’est-ce que le Maristan?

C’était un bâtiment public, construit dans la seconde moitié du 14ème siècle par le sultan Mohamad V.

On dit souvent qu’il s’agissait d’un hôpital pour troubles mentaux, mais la vérité est que ce n’était qu’une de ses fonctions. Il s’agissait en fait d’un centre de soins pour diverses maladies, notamment des problèmes psychiatriques, mais aussi d’un centre de formation pour les médecins.

Cette idée se reflète dans l’étymologie même du mot Maristan, qui dérive du mot persan “bimarestan”.  Bimar peut être traduit par malade, et la traduction complète est la maison des malades.

La décision de fonder ce bâtiment profite aux habitants de Grenade, mais il ne faut pas oublier qu’elle profite aussi au sultan, car elle témoigne de sa générosité et le rapproche en même temps d’Allah et du paradis promis.

Au sein du monde musulmane en occident; c’est le seule dont nous connaissons l’existence avec certitude. Si nous la comparons avec le reste des institutions similaires en Europe, elle pourrait être considérée comme avant-gardiste.

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D’où son caractère unique.

Toutefois, si on le compare avec les hôpitaux orientaux, il faut dire que sa conception n’est pas aussi avancée.

A lépoque, il était composé de 7 médecins, dont 4 spécialistes de la démence. Il disposait également de services ambulatoires et de consultations externes.  Il y avait également des pharmaciens, des lavandières  et des cuisiniers. En outre, divers sédatifs tels que le chanvre, la noix de muscade et l’aconit y étaient produits.

Contexte

À cet égard, je tiens à remercier le psychiatre et communiquant, Blas Curado, pour les précieuses informations qu’il a fournies dans son post.

Nous savons que depuis le 8e siècle, ce type d’institutions existait déjà dans des villes telles que Fès, Damas, Bagdad, Le Caire, Alep et Antioche. Un détail très curieux est ce que Benjamin de Tudela raconte au XIIe siècle sur le maristan de Bagdad; il souligne la charité du sultan qui ramassait les fous dans les rues de la ville et les enchaînait jusqu’à ce qu’ils recouvrent la raison.

Le maristan de Grenade a été fortement influencé par le maristan de Fès, avec la même fonction et la même structure architecturale. Il n’est pas surprenant que Mohammed V ait passé l’un de ses exils dans cette ville.

Où peut-on trouver le Maristan ?

Ce magnifique bâtiment a été construit dans le quartier dit d’Axares. Il est très proche de la rivière Darro et du hammam qui est aujourd’hui connu sous le nom de “Bañuelo”.

Après la restauration et les fouilles archéologiques réalisées, nous savons qu’il y avait un patio arrière qui atteignait la rivière et qu’il était utilisé comme lieu de loisirs ou pour cultiver des plantes médicinales.

Il s’agissait d’un bâtiment à deux étages d’un peu plus de 1 00 m de long qui entourait une cour centrale. Dans la cour, comme c’était la coutume, il y avait un grand bassin alimenté par l’eau de deux grands lions en marbre.

Le Maristan comptait jusqu’à 60 chambres d’une taille comprise entre 5 et 8 M2.  Chacune de ces chambres pouvait accueillir jusqu’à deux patients. À l’étage supérieur, on a découvert des pièces plus grandes qui ont pu servir de salles de formation pour les médecins ou pour l’administration de certains traitements.

Les chambres des femmes étaient situées au  premier étage et celles des hommes au second  étage.

Autres fonctions du bâtiment après la conquête

Quelques années après la conquête, en 1497, les Rois Catholiques modifient la fonction du Maristan, qui devient dès lors l’Hôtel de la Monnaie  (casa de la moneda) et conserve cette fonction jusqu’en 1685.

Le pouvoir de frapper des pièces de monnaie était un privilège dont ne jouissaient que sept villes en Espagne, et Grenade était l’une d’entre elles.

À partir de ce moment, le Maristan a commencé à tomber dans l’oubli et, bien qu’il ait eu d’autres fonctions, aucune n’a été importante. Il a également subi plusieurs tentatives de démolition. Le plus important d’entre eux a eu lieu en 1845.

Médecine musulmane

Comme dans les autres villes musulmanes, le Maristan avait pour fonction de centraliser et de contrôler la médecine et de former les médecins.

Tout au long du Moyen Âge, la médecine musulmane a atteint un niveau très élevé.

À cet égard, la description et la réflexion que l’arabisant Carles G. Bárcena fait dans son article “El bimaristán, un modelo de hospital islámico” (Le Bimaristan, un modèle d’hôpital musulman) sur le fonctionnement de ce type de centre est très intéressante :

“Ses systèmes thérapeutiques non agressifs, le traitement humain des patients, la normalité avec laquelle la maladie mentale était assumée, ainsi que la beauté formelle des bâtiments sont des valeurs à revendiquer aujourd’hui. Dans le monde musulman des 9e, 10e et 11e siècles, nous découvrons des valeurs essentielles telles que la beauté, l’harmonie, la sérénité, la proportion et l’équilibre. Ces valeurs sont curatives, car elles agissent sur l’humeur des détenus et contribuent à leur santé et à leur bien-être. Une alimentation équilibrée, une mélodie harmonieuse et bien rimée, le murmure de l’eau des fontaines, les paroles mélodieuses des poètes et des conteurs, ainsi que l’art de la parole des médecins eux-mêmes, attentifs et respectueux des malades, véhiculent la paix et la tranquillité”.

Sur la restauration du Maristan

Jusqu’à présent, la phase 1 du projet de restauration totale a été achevée.

Sur les 4 travées qui composaient le bâtiment, la travée orientée au sud et les fours de l’ancien hôtel de la Monnaie ont été restaurés.

À l’avenir, il est prévu de récupérer les vestiges archéologiques du reste du bâtiment et du bassin  central.  En outre, des copies des lions originaux qui ornaient le bassin central seront installées.

La restauration a mis en lumière des surprises comme l’existence d’une arrière-cour, la longévité des fours à monnaie , le beau plancher qui entourait la cour ou les pipes à fumer utilisées pour administrer certains traitements.

Pour en savoir plus sur le maristan, visitez le musée de l’Alhambra.

Deux pièces fondamentales sont conservées dans ce merveilleux musée qui occupe le premier étage du Palais de Charles Quint.

Ces pièces sont les suivantes :

– La pierre fondamentale: Il s’agit d’une belle pierre tombale en marbre blanc qui nous donne, entre autres détails intéressants, la date de construction, le nom du souverain qui l’a fondée et le but de sa fondation. Elle mentionne également, comme il est d’usage, plusieurs sultans de la dynastie nasride, tels que Ismail I, Yusuf I et Mohammed V. À côté de chacun d’eux, des phrases du Coran parlent de leurs actes et de leurs réalisations.

– Les lions originaux qui ornaient et versaient l’eau dans la piscine. Après l’abandon du maristan, ils ont été déplacés au palais d’El Partal à l’Alhambra et après plusieurs années et pour éviter toute nouvelle détérioration, ils ont été restaurés et exposés au musée de l’Alhambra.

Chaque coin de l’Albaicín recèle des histoires fascinantes comme celle que je viens de vous raconter. J’ai hâte de vous voir lors de mes visites guidées pour découvrir tous les secrets de ce quartier.

Plus d’informations sur visitgranada.com ou sur whatsap 617359043.